Note: notre patrie ne portera pas exclusivement le nom de Bas-Canada tout au long du Régime britannique, je l'utilise ici comme terme générique. En réalité, le territoire changera de nom trois fois: d'abord "Province of Québec", puis "Lower Canada" (Bas-Canada) en 1791 et finalement "United Canada" (Canada-Uni ou Canada-Est) de 1840 jusqu'en 1867. |
En octobre de la même année, Londres dans sa «Royal Proclamation», accorde le droit aux francophones catholiques de pratiquer leur religion. La Grande-Bretagne fait toutefois connaître au gouverneur Murray son intention de fonder des écoles uniquement protestantes dans le but d'assimiler la population. La proclamation entend également remplacer le code civil français par la «British Common Law». Le gouverneur Murray juge toutefois cette mesure impraticable et décide plutôt de garder les anciennes lois françaises. 1765: 95 Canadiens adressent une pétition et réclament que la justice soit rendue en français, que les ordres du roi soient promulgés en français et que les Canadiens puissent agir comme jurés et avocats. 1766: Les premiers à profiter de la conquête sont les commerçants anglais et américains qui prennent le contrôle de toute l'activité économique. Le premier gouverneur britannique, James Murray, n'aime pas beaucoup ces marchands qu'il juge être "la plus immorale collection d'individus que j'aie jamais connue." Il écrit encore "Rien ne pourra satisfaire les fanatiques déréglés qui font le commerce, hormis l'expulsion des Canadiens, qui constituent la race la plus brave et la meilleure du globe peut-être!" Les commerçants auront finalement la peau de Murray qui sera rappelé à Londres et remplacé. "Je quitte un pays et un peuple que j'aime sincèrement", a-t-il déclaré. |
Le gouverneur Murray |
Le gouverneur Carleton |
1774: Suivant les recommandations du gouverneur Carleton, Londres décrète le «Quebec Act» dont le but est d'apaiser les Canadiens pour qu'ils ne se joignent pas à la révolution américaine des 13 colonies. Le territoire du Québec est considérablement agrandi pour inclure la vallée de l'Ohio et la région des Grands Lacs. Le Serment du Test est changé; les catholiques peuvent maintenant avoir accès à la fonction publique si toutefois ils prononcent un serment d'allégeance à la couronne d'Angleterre (qui existe d'ailleurs toujours pour nos députés fédéraux). Le texte demeure muet au sujet du statut des langues française et anglaise. |
Le «Continental Colors» américain |
1775: Les «Bastonnais» (nom que les Canadiens donnaient aux rebelles américains) tentent alors de conquérir le Québec par les armes. En septembre, ils assiègent le fort Saint-Jean et sont victorieux sur l'armée britannique. Le 12 septembre, Montréal capitule et devient une ville américaine. Les nouveaux occupants établissent leur quartier général au château Ramezay. Les Anglais quant à eux, fuient vers Québec qui est assiégée à son tour. C'est dans la nuit du 30 au 31 décembre que les célèbres généraux Montgomery et Arnold tentent un assaut contre la basse ville qui s'avère infructueux. Montgomery y trouvera même la mort. C'est le début de la fin pour les Américains qui devront évacuer le territoire en juin 1776. Le sort en est jeté, le Canada sera britannique. |
1782: Le Traité de Paris reconnaît l'indépendance des États-Unis d'Amérique (les anciennes 13 colonies). La révolution américaine est donc un succès. Le Québec perd la vallée de l'Ohio. Des colons anglais, hollandais, irlandais, écossais et américains loyaux à l'Angleterre (environ 6000 Loyalistes) quittent le nouveau pays et viennent s'établir au Canada. Plusieurs s'installent sur des terres confisquées aux Acadiens (la Nouvelle-Écosse est divisée en deux, c'est la fondation du New Brunswick en 1784). Dès lors, le Canada n'a plus une population uniquement exclusivement française et amérindienne, mais les francophones sont toujours les seuls à se désigner comme «Canadiens» et le resteront encore longtemps. 1783: L'Angleterre est forcée de signer la paix avec la France et l'Espagne et reconnaît l'indépendance des États-Unis. Cette signature intervient alors qu'une expédition française est en préparation. Commandée par Lafayette, elle avait entre autres pour objectif la reconquête du Canada français après la prise de la Jamaïque avec l'aide des Espagnols. Le Bas-Canada Les nouveaux arrivants Anglais rejettent le régime seigneurial, les lois françaises et exigent un district distinct. La Province of Quebec est alors divisée en deux ; le Haut-Canada (Ontario, environ 10 000 habitants) et le Bas-Canada (Québec, 150 000 habitants). |
Extrait de «Il était une fois le Québec» |
Première assemblée du Bas-Canada |
1792 : Premières élections de l'histoire du Québec. La chambre d'assemblée du Bas-Canada, malgré le fait que la population soit française à 95%, est formée de 35 Canadiens et de 15 Anglais. Jean-Antoine Panet est élu président de la chambre du Bas-Canada, en dépit de l'opposition britannique. Les deux groupes s'affrontent en chambre dès la première séance. Le gouverneur, à la demande des députés anglais, déclare que les textes de lois devront être rédigés en anglais. Dans ce parlementarisme truqué où le français n'est plus qu'une langue de traduction, le gouverneur et les conseils législatif et éxécutif renversent toutes les initiatives canadiennes. C'est une impasse politique complète qui durera cinquante ans. |
1800 : Le peuple canadien, majoritairement rural, s'appauvrit. Depuis la conquête, plus qu'une minorité de Canadiens savent lire et écrire. Ils sont exploités par la riche minorité anglaise. Les Canadiens deviennent bûcherons, scieurs de bois et «raftmen», au service des riches marchands anglais qui fournissent l'Angleterre en bois dans sa guerre contre Napoléon Bonaparte. Les raftmen (dont le légendaire Joe Montferrand) doivent conduire les énormes troncs d'arbres, sur les eaux du fleuve, de Hull jusqu'à Québec. Il s'agit d'un métier extrêmement périlleux. Coeurs fragiles s'abstenir. Un groupe de Canadiens enverra même une missive à Paris à l'intention de Napoléon, lui demandant de venir libérer le Canada de l'emprise britannique. La lettre demeurera sans réponse. |
Napoléon Bonaparte |
Bataille de Châteauguay |
1813: Dans le cadre de la guerre opposant les Américains à l'Angleterre, les États-Unis attaquent le Bas-Canada! Leur marche vers Montréal est arrêtée à Châteauguay par les Voltigeurs canadiens. Le corps de volontaires est victorieux malgré qu'il soit en nombres inférieurs. 1815: Louis-Joseph Papineau, chef du parti réformiste, occupe le poste de président de l'Assemblée législative jusqu'en 1837. 1820: Des Anglais mettent sur pied un projet d'union des deux Canadas. Le projet ne reconnaît que l'anglais comme langue officielle et exige qu'une personne possède une propriété d'au moins 500 livres sterling pour être membre de l'Assemblée. Louis-Joseph Papineau et John Neilson s'opposent au projet et réunissent une pétition de 60 000 signatures. Londres leur donnera raison en 1823. |
1829: Fondation de la McGill University, le premier établissement du genre au Canada. Après 1830, le Bas-Canada connut une pénurie de blé au point où les importations de l'étranger devinrent nécessaires. Les méthodes de culture archaïques et l'épuisement des sols sont les grands responsables de cette crise. Le surpeuplement des seigneuries n'aida pas la situation. |
James McGill |
1834 : Ludger Duvernay (dont le portrait est à droite) fonde la Société Saint-Jean-Baptiste, société nationaliste qui a pour but la défense des droits du peuple du Bas-Canada. À l'époque, avant chaque réunion, on chante des chansons patriotiques canadiens pendant qu'au Haut-Canada on en est encore à l'hymne britannique «God save the Queen». C'est Duvernay qui fera de la Saint-Jean-Baptiste, une fête patriotique. 1834 : Éclatante victoire du Parti Canadien aux élections, à la tête duquel on retrouve Louis-Joseph Papineau. Celui-ci envoie une liste de 92 résolutions à Londres pour régler l'impasse politique. Elles sont rejetées. Les députés canadiens encouragent un boycot massif des produits britanniques. |
L.-H. Lafontaine |
1848: L'alliance des réformateurs du Canada-Ouest de Robert Baldwin et de ceux du Canada-Est de Louis-Hyppolite Lafontaine permettent l'introduction du gouvernement responsable. Dorénavant, le gouverneur devient simplement le représentant du monarque d'Angleterre et l'agent de liaison entre Londres et la colonie. |
1849: La chambre vote le Rebellion Losses Bill qui vise à compenser les personnes ayant souffert des dommages à leur propriété pendant la rébellion de 1837-38. Des Tories anglais, opposés à cette loi ainsi qu'au principe du gouvernement responsable, mettent le feu au Parlement de Montréal lors d'une émeute. 1851: La Grande-Bretagne remet au Canada le contrôle de ses postes. Montréal compte maintenant 57 715 habitants et Québec 42 052 (comparativement à 30 775 pour Toronto). |
L'incendie de 1849 |
De 1850 à 1860, le Canada-Uni se trouve plongé dans une grande crise politique. En dix ans, le gouvernement change dix fois et aucun d'eux n'arrive à garder le pouvoir. Les principaux partis de Canada-Est étaient les Bleus de George-Étienne Cartier et les Rouges nationalistes d'Antoine-Aimé Dorion. Au Canada-Ouest, les partis étaient les Tories de John A. Macdonald et les Grits de George Brown. Brown déclara que la seule façon de sortir de l'impasse était de reconnaître la population supérieure du Canada-Ouest (l'Ontario) et réclama la reconnaissance du principe de «Rep by Pop». | A.-A. Dorion |
1861-1865: Pendant la guerre civile américaine, les confédérés s'installent à Montréal. Plusieurs Canadiens craignaient que, pour se venger, les États-Unis attaquent le Canada britannique. À la même époque, un groupe de nationalistes irlandais nommés les «Fenians» (groupe qui comptait beaucoup de supporters chez les Américains d'origine irlandaise) caressait le projet de s'emparer du Canada pour ensuite l'échanger contre l'indépendance de l'Irlande. La «menace américaine» se faisait de plus en plus présente et on commença à parler d'une union possible des colonies britanniques dans le but d'y résister. |